Parions sur 2021 : l'avènement du ray tracing sur consoles n'aura pas lieu
Dossier
PUBLIÉ LE 14 janv. 2021

Parions sur 2021 : l'avènement
du ray tracing sur consoles
n'aura pas lieu

Crédit : Sony
Etienne C.
Etienne C.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 14 janv. 2021

Si les joueurs pourront avoir un premier aperçu des possibilités offertes par le ray tracing, il faudra patienter quelques mois avant que son utilisation ne devienne une norme sur consoles. Pari tenu.

Ray tracing. Dans le monde merveilleux du marketing, on qualifie ce genre de termes de « buzzword » . Un truc obscur et « trendy », désignant une avancée technique capable de révolutionner une industrie toute entière mais qui, avant d'en arriver là, génère surtout beaucoup d'attentes.

Sorti du placard par Nvidia depuis la commercialisation de ses cartes graphiques GeForce RTX, le procédé (dont les bases théoriques ont été posées à la fin des sixties) a eu une nouvelle résonance quand Sony et Microsoft ont annoncé sa compatibilité avec les consoles de nouvelles générations. Si l'on vous a déjà longuement détaillé ce qu'est le ray tracing dans un précédent papier, rappelons tout de même la base : il s'agit, grosso modo, d'une méthode de rendu graphique visant à émuler le comportement physique de la lumière en temps réel dans un environnement en 3D. « Pour simplifier à l’extrême, chaque pixel à l’écran est calculé en fonction de son environnement et des trajectoires et rebonds des rayons lumineux » résumait Stéphane Quentin, responsable presse chez Nvidia. Concrètement, la promesse de cette technologie auparavant réservée aux studios hollywoodiens est d'ajouter une bonne dose de réalisme aux jeux en améliorant reflets ou éclairages. En modélisant des flaques qui claquent, quoi.

Si l'apport du ray tracing est indéniable pour joueurs et développeurs, on peut légitimement se demander si le procédé est arrivé suffisamment à maturité pour être exploité dès cette année sur PlayStation 5 et Xbox Series X. On a tendance à parier que non, et voici pourquoi.

Parce qu'il ne s'est pas pleinement démocratisé sur PC

Soyons honnêtes : même si la plupart des jeux exploitant le « Saint Graal des technologies graphiques » (c'est pas moi qui le dit, c'est Nvidia) nous éblouissent par leur rendu, ils restent (très) minoritaires sur le marché. Control, Cyberpunk 2077, Fortnite, Minecraft... Au total, quelques dizaines de titres en tirent profit sur PC, et pas forcément que des nouveautés. Un peu tôt pour parler d'une véritable révolution, donc, même si la prouesse technique est souvent bluffante (la transformation de Minecraft ci-dessous le prouve).

Mais alors, comment l'expliquer ? L'hégémonie exercée par Nvidia sur le marché des cartes graphiques hautes gammes - jusqu'au retour en grâce d'AMD avec ses Radeon RX 6800 et 6800 XT - n’aide sans doute pas. Quel développeur ou éditeur aurait envie d’investir temps et ressources dans une technologie encore inaccessible pour de nombreux joueurs PC, alors que d’autres méthodes ont déjà fait leurs preuves ? Tant que l'accès à ces cartes graphiques n'a pas été facilité par le jeu de la concurrence, peu de monde visiblement.

Même s'il faut bien commencer quelque part, le ray tracing reste, à ce stade, réservé à une poignée d'early adopters qui ont les moyens de leurs ambitions. Et c’est peut-être ça qui l’empêche de se démocratiser à grande échelle.

Parce qu'il implique des concessions

La fameuse grande échelle, parlons-en. Là, quelqu'un de sensé pourrait me répondre qu'on s'en fiche un peu du marché PC, puisque l'utilisation du ray tracing va se normaliser avec la sortie des consoles next-gen. C'est l'idée, mais la réalité est plus complexe. Jusqu'ici, la plupart des développeurs ayant proposé du ray tracing sur Xbox Series X ou PlayStation 5 ont dû s'adapter pour ne pas sacrifier la fluidité sur l'autel du réalisme. Capcom propose, par exemple, plusieurs configurations sur Devil May Cry 5 : Special Edition : un mode 4K avec le ray tracing activé mais un framerate limité à 30 FPS, ou en full HD pour atteindre les 60 images par secondes avec ray tracing.

Même tarif pour Marvel's Spider-Man : Miles Morales, qui proposait un mode « Performance » limité à 30fps en 4K, avant de finalement déployer, via un patch, un mode alternatif baptisé « RT Performance » et « qui utilise le ray tracing tout en ajustant la résolution des scènes, la qualité des reflets et la densité des piétons ». Moins de concessions, mais un peu quand même.

Impossible de tirer des conclusions définitives avec si peu d'exemples, mais il y a fort à parier qu'il faudra patienter plusieurs mois avant de pouvoir pleinement profiter de toutes les révolutions graphiques promises par les constructeurs.

Parce que le boss de Xbox n'est pas convaincu

Invité à réagir à un article de PC Gamer estimant que « le ray tracing n'avait pas tenu ses promesses », Phil Spencer a bien été obligé d'acquiescer, tout en regrettant l'usage récurrent de « buzzwords » ces derniers mois. « C'est probablement vrai » estime-t-il dans les colonnes de WIRED. « Quand je repense aux titres où le ray tracing a eu un véritable impact sur mon expérience de joueur, c'est assez mitigé ». Si même le patron a des doutes, c'est mauvais signe. Mais pas pour moi,puisque cette année je réussirai peut-être mon pari.