Maneater, c'est bête comme vous
Dossier
PUBLIÉ LE 14 mai 2020

Maneater, c'est bête comme vous

Crédit : Maneater
Nico Prat
Nico Prat
Expert Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 14 mai 2020

En temps que joueurs et joueuses, nous pouvons être ce que nous souhaitons. Un robot, un gangster, un politicien, une archéologue, une scientifique… Nous pouvons parcourir le monde, défiant la physique et souvent la logique, pour nous rêver plus grands, plus forts, plus beaux que ce que nous sommes. Et parfois, nous souhaitons juste faire caca sur le paillasson du voisin.

Maneater est un jeu développé par les américains de Tripwire Interactive, dans lequel le joueur interprète un grand requin blanc à la recherche du pêcheur responsable du meurtre de sa maman. Sur notre route : des tortues, des thons, mais aussi des baigneurs, des navigateurs, des touristes en jet skis… Autant d’occasions de faire couler le sang dans les eaux claires de l’océan, comme à la bonne vieille époque de Jaws Unleashed, adaptation des Dents de la Mer sur Playstation 2. Et autant de raisons de nous interroger : pourquoi aimons nous tant entrer dans la peau des animaux ? Car au fil des jeux et des générations, les possibilités se sont multipliées. Eléments de réponses.

Crédit : Rockstar Games

Pour patienter

Nombreux sont les jeux à proposer, au coeur de l’univers principal et parfois pour quelques minutes seulement, la possibilité de prendre possession du corps d’un animal. Une mission de GTA V nous met dans la peau de Chop, le toutou, qui doit renifler les wagons d’un train. Dans Assassin’s Creed Origins, il est possible de devenir un oiseau et de prendre conscience de la grandeur du monde ouvert à explorer - normal, on est chez Ubisoft. Cependant, ces exemples ne sont finalement que des gadgets, dans un cas, une mission parmi tant d’autres qui aurait sans mal pu se dérouler sans ce petit gimmick de changement de corps, dans l’autre, une agréable manière de souffler un peu, de prendre du recul, avant de mieux reprendre le fil de l’aventure. Anecdotique donc.

Crédit : Activision

Parce qu’en fait, pas vraiment

En réalité, jouer un animal n’a rien d’original. Sonic, après tout, est un hérisson. Crash Bandicoot, un marsupial ; Banjo et Kazooie, un ours et un oiseau rouge. Ratchet enfin, est un Lombax, une race ressemblant à des créatures félines. Cependant, ici, ces animaux sont fictifs (Ratchet), en décalage complet avec leur réalité physique (les hérissons sont toujours lents et jamais bleus), ou tout simplement réduits à l’état de cartoon (Crash Bandicoot). Ces animaux ne sont des animaux que pour leurs caractéristiques corporelles (sauter haut peut s’avérer bien pratique dans certaines situations), ou tout simplement, parce qu’un hérisson bleu avec des baskets, c’est cool !

Crédit : Fire Hose Games

Pour emmerder le monde

Catlateral Damage est un jeu vidéo indépendant dans lequel le joueur joue comme un chat. Le but est tout simplement de faire tomber autant d'objets que possible sur le sol. Comme les chats donc. Dans Dog’s Life, sorti en 2003 sur PlayStation 2, le joueur, dans la peau d’un chien, doit résoudre des énigmes si peu intéressantes qu’il en vient, naturellement, à simplement aboyer et déféquer. Dans le désormais célèbre et célébré Untitled Goose Game, nous sommes une oie semant la terreur dans le village. Dans Goat Games, nous sommes une chèvre particulièrement stupide. Quatre jeux, quatre animaux, un seul et même défouloir. Parfois, nous voulons juste voir le monde hurler après nous. Cela nous détend.

Crédit : Private Division

Pour comprendre nos amis les bêtes

D’aucuns diront qu’il ne s’agit pas là de jeu vidéo, tout du moins pas vraiment. Mais impossible de passer sous silence ce sous-genre à part entière : le simulateur de vie animal. Loup, cheval, chien, ours ou même mouche… Ces jeux bien souvent gratuits et aux visuels foncièrement repoussants n’ont réellement d’intérêt que le temps d’un (court) trajet en métro, ou pour occuper la petite cousine. Il faut manger, il faut dormir, il faut parcourir les hautes plaines… Puis recommencer. Sans but et sans envie. Une exception notable cependant : Ancestor The Human Odyssey, fascinante plongée au coeur de la naissance de notre espèce. Nous sommes encore des singes, mais déjà, un peu, des hommes.

Crédit : Ubisoft

Pour être enfin libre

La jouissance est pleine et entière, immédiate aussi. Lorsque nous posons le casque sur nos yeux, que les écouteurs font le vide autour de nous, voilà, nous y sommes : dans les cieux. Eagle Flight est un jeu VR développé par Ubisoft (encore eux) qui offre la possibilité de survoler Paris dans la peau et les plumes d’un oiseau. Peu à faire, mais tant à admirer. Et si, en apparence, Eagle Flight ne partage pas grand chose avec la violence décomplexée d’un Man Eater, ou même de Depth (là encore, nous sommes un requin meurtrier) ou Ape Out (un gorille tentant de s’échapper d’un laboratoire en massacrant ses geôliers), ils participent d’un même sentiment : une liberté totale, hors de nos limites physiques, mais aussi morales.

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