David Lynch et le jeu vidéo
Dossier
PUBLIÉ LE 22 nov. 2022

David Lynch
et le jeu vidéo

Crédit : Akupara games
Nico Prat
Nico Prat
Expert Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 22 nov. 2022

Certes, le dernier long-métrage de David Lynch ne date pas d’hier (Inland Empire, en 2006). Mais le réalisateur sera prochainement acteur dans le nouveau film de Steven Spielberg, The Fabelmans. Et si l’influence et les liens entre le papa de E.T et le jeu vidéo ont déjà été largement documentés, nous nous sommes posé la question : et David Lynch, le jeu vidéo, c’est son truc ?

Bon, soyons honnête, on a cherché, mais on ignore encore si David Lynch est un gamer, même si l’on peut supposer qu’il a chez lui, quelque part dans son atelier magique, une Playstation 2 qui traîne. Normal : au moment du lancement de son mastodonte au début des années 2000, Sony mise sur une campagne percutante, novatrice, qui reflète les capacités de la console. Et c’est le réalisateur de Dune et Elephant Man qui est alors tout désigné. Son spot, qui dure environ une minute, marqua les esprits, entre autres à cause de cet homme à tête de canard (à moins qu’il ne s’agisse d’un canard avec un corps humain) et de ce bras qui se balade tout seul. Attention cependant aux contrefaçons : si sur YouTube, plusieurs spots pour la console sont attribués à Lynch, il n’en a bel et bien réalisé qu’un seul.

Mais son influence sur le jeu vidéo ne s’arrête pas là pour autant. Un petit coup d'œil sur quelques crédits suffit à s’en rendre compte. David Lynch est ainsi remercié dans les génériques de The Darkside Detective (2017), Deponia Doomsday (2016), Braid (2008), This Is a Cry for Help (2008) ou encore Town With No Name (1992). Des jeux bien différents mais qui ont tous en commun, comme le cinéma de Lynch, quelque chose d’étrange et d’accueillant à la fois, une forme de fantastique, d’irréel, de surréaliste même dans sa narration, tout en étant jamais hermétique, fermé aux théories comme aux spectateurs (ou joueurs).

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Crédit : Daedalic Entertainment GmbH

Il y a donc la collaboration directe, et les inspirations plus ou moins évidentes, celles qui flottent dans l’air, qui vous cueillent, et qui méritent un remerciement, mais pas nécessairement plus. Sauf que parfois, Lynch vient s’immiscer, de façon bien plus évidente, au cœur même de la fabrication. Dès lors, le créateur ou la créatrice n’a guère d’autre choix que de reconnaître les faits. Il en va ainsi de Max Payne. Nous ne vous ferons pas l’affront de vous rappeler l’importance de ce jeu. Mais rappelons tout de même le pitch, pour la forme : un étranger débarque dans une ville rurale américaine pour se heurter à un mystère tout en interagissant avec les personnages plus grands que nature. Si cela vous rappelle Twin Peaks, rien de plus normal, Sam Lake lui-même n’ayant jamais caché son admiration pour la série. Il en va de même pour les créateurs de Virginia, un jeu d'aventure développé par Variable State et édité par 505 Games, sorti en 2016. L’histoire d’un agent du FBI qui débarque dans une petite ville. Mince, mais ce n’est pas tout : Jonathan Burroughs, scénariste, ira même jusqu’à déclarer que ses “histoires préférées ont tendance à être celles qui ne sont pas complètement littérales ou qui laissent quelque chose de ouvert à l'interprétation. Cela fait partie de ce qui m'attire dans les films de David Lynch. J'espère que nous pourrons atteindre cela avec Virginia”.

Mais l’exemple le plus frappant, celui que l’on pourrait sans mal, si nous avions l’esprit mal tourné, qualifier de plagiat, est Deadly Premonitions. Encore une fois, l’histoire d’un agent du FBI allant enquêter dans une petite ville. Mais surtout, il recrée directement des scènes de Twin Peaks, y compris l'obsession excessive du café. Il y a même la White Room et la Red Room, imitant la White Lodge et la Red Room de Twin Peaks. On en pensera ce que l’on veut. David Lynch, jusqu’à preuve du contraire, n’a rien trouvé à y redire.