Non, les suites de Paranormal Activity ne sont pas mauvaises
Dossier
PUBLIÉ LE 31 oct. 2022

Non, les suites
de Paranormal Activity
ne sont pas mauvaises

Crédit : Blumhouse
PUBLIÉ LE 31 oct. 2022

À sa sortie, en 2007, Paranormal Activity est un énorme carton. Produit pour à peine 15 000 dollars, il en rapporte plus de 193 millions… De quoi donner des envies de suites à ses producteurs. Des suites qui sont loin d’être aussi nulles que beaucoup le disent. On vous dit pourquoi.

Found footage et suites : l’équation (presque) insoluble

Depuis 1980 et le “Cannibal Holocaust” de Ruggero Deodato, le found footage s’est taillé une place toute particulière au sein de la grande famille du cinéma d’horreur. Sous-genre à part, il possède ses propres codes, sa propre esthétique… et même son propre modèle économique (imbattable). Au milieu de tout ça, Paranormal Activity fait office de petit ovni. Pourquoi ? C’est simple, c’est le seul “found footage” dont les suites ne virent pas au n’importe quoi.

Eh oui, rares sont les titres qui sont parvenus à bénéficier de suites cohérentes et fidèles à l’original. Nombreux ont d’ailleurs été impitoyablement massacrés par des producteurs avides d’argent facile. Il suffit de regarder les ancêtres et les contemporains de Paranormal Activity pour s’en rendre compte. REC, pépite espagnole sortie en 2008, a, dès le troisième opus, opté pour un style de cinéma plus classique, abandonnant le format caméra à l’épaule qui avait pourtant fait sa force. C’est encore pire avec Blair Witch. Le film, sorti en 1999, est, à l’époque, une véritable révolution. Succès commercial inattendu, il donne ses lettres de noblesse au genre… Mais ne bénéficie pas de suite convaincante. Loin de là. Book of Shadow : Blair Witch 2 est littéralement une catastrophe aussi bien critique que commerciale, la faute à un scénario complètement bête et bancal. Bref, au milieu de ce marasme, Paranormal Activity surnage assez facilement et s’impose comme l’un des seuls titres du genre à bénéficier de suites… qui tiennent la route, en fait.

De l’art de créer une franchise

La force de Paranormal Activity est simple : tout au long de ses six épisodes (du premier et de ses cinq suites, donc), la timeline et les intéractions entre les différents protagonistes sont très bien maîtrisées. Paranormal Activity 2 est un habile exercice de “préquel parallèle” qui commence six mois avant les événements du premier et se termine deux jours après sa fin (vous suivez ?) Le troisième opus, lui, explore l’enfance trouble de Katie, le personnage principal du premier volet, et de sa sœur Kristi, quand le quatrième s’écarte de la trame principale pour mieux y revenir pendant quelques minutes. On pense évidemment à la scène durant laquelle Hector (le personnage principal) se retrouve, après être passé dans une faille spatio-temporelle, dans la maison de Katie lorsque cette dernière tue son mari (scène que l’on ne fait que deviner dans le premier). Enfin, le cinquième, Ghost Dimension, est une conclusion magistrale à l’arc narratif de Katie et du démon Tobi.

En bref, qu’on aime ou pas la série, on ne peut qu’admirer la cohérence et la continuité entre chaque épisode et la lente construction d’une intrigue qui s’étale sur plusieurs décennies. Le fil rouge n’est jamais coupé et se tisse de manière très habile entre chaque film. En ce qui concerne la forme, l’angle “found footage” est toujours bien exploité et justifié. Mieux, il sert toujours l’intrigue, alternant habilement entre séquences en mode caméra de surveillance (surtout dans les trois premiers) et caméra à l’épaule.

Une franchise cohérente et fidèle à elle-même

On vous voit arriver au loin, avec vos commentaires scandalisés. Alors nous allons être clairs : tous les Paranormal Activity ne sont évidemment pas tous des chefs d'œuvres du cinéma d’horreur et, on en est conscients, recyclent un peu tout le temps les mêmes codes. Mais en même temps, n’est-ce pas tout ce qu’on leur demande ? Passée la stupeur d’un premier volet qui avait pris tout le monde de court, Paranormal Activity a trouvé une recette miracle et n’a fait que l’appliquer pendant six films (sept, si on compte l’opus Next of Kin, sorti directement en VOD)... Tout en ayant le mérite de garder une certaine cohérence dans son récit, ce qui n’est pas le cas de toutes les franchises d’horreur de nos jours (coucou Halloween).

Au final, la saga créée par Oren Peli s’est imposée comme le maître absolu de l’horreur en mode caméra à l’épaule, se payant même le luxe de reléguer bien loin derrière ses concurrents tels que Unfriended, Friend Request ou autres Catacombes.