Les étranges problèmes rencontrés par Judgment
Dossier
PUBLIÉ LE 17 sept. 2021

Les étranges problèmes
rencontrés par Judgment

Crédit : Sega
Selim K.
Selim K.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 17 sept. 2021

Commercialisation suspendue, casserole du passé, futur en pointillé : Judgment est-il un jeu maudit malgré ses nombreuses qualités ? Ça se pourrait.

Mars 2019, Judgment est sorti depuis tout juste 4 mois au Japon et n’a même pas encore trouvé le chemin des différents supports en dehors de l’archipel nippon, que la triste nouvelle tombe : la commercialisation du jeu est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Un véritable coup de tonnerre dans l’industrie, particulièrement pour Sega et les studios Ryu ga Gotoku. Les articles se multiplient, les grands fans de la série Yakuza se jetant dessus avec une seule question en tête : “pourquoi” ? Qu’est-ce qui pourrait court-circuiter la commercialisation d’une franchise qui a enfin le vent en poupe ? Parce que, oui, on le rappelle, mais Judgment reste un spin-off de la grandiose série Yakuza qui commence tout juste à s'imposer en occident. Pour répondre aux interrogations précédentes, ce grand boom provient d’un des acteurs qui prête ses traits à un personnage du jeu. Il s’agit de Pierre Taki, aka Kohei Hamura dans le monde de Takayuki Yagami, the best detective ever.

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Crédit : Sega

Son erreur ? Avoir été contrôlé positif à la consommation de cocaïne. Un délit extrêmement grave du côté du Japon, qui se pose comme l’un des pays les plus stricts et sévères pour tout ce qui touche à une drogue quelconque. Après les fouilles de son appartement et de son véhicule qui n’ont rien donné, c’est un test urinaire positif qui a fait passer Pierre Taki aux avœux. Le résultat étant son emprisonnement, la suspension des ventes de Judgment et le remplacement de sa voix dans Kingdom Hearts III dans lequel il campe le rôle d’Olaf. Pour revenir à Judgment, la série dont il est question ici, il a tout simplement été remplacé définitivement. Le truc, c’est que ce coup de massue n’est pas le premier reçu par l’entité Yakuza/Judgment. Pas le dernier non plus.

Une malédiction qui dure

Avant Judgment, il y avait Yakuza. Avant Pierre Taki, il y avait Hiroki Narimiya et Hiroyuki Miyasako. Deux acteurs qui ont eux aussi dégradé l’image des jeux auxquels ils ont prêté leur talent. Le premier a été remplacé dans le remaster de Yakuza 4, après qu’une photo de lui en pleine prise de cocaïne ait fuité. Pour le second, que l’on retrouve dans Yakuza 3 mais aussi dans le rôle de l’excellent Nagumo de Yakuza 6, on peut se dire qu’il a pris son rôle un peu trop à cœur. Il a été critiqué pour avoir participé à une fête organisée par un groupe de personnes peu recommandables. En japonais, ce genre de groupe est connu sous le nom de hanshakaiteki seiryoku, ce qui se traduit généralement par "organisation antisociale". Ces groupes sont des fraudeurs qui tentent d'escroquer de l'argent aux gens. Ils peuvent être membres de groupes criminels organisés connus sous le nom de bouryokudan, qui signifie littéralement "groupe violent" mais que l'on appelle familièrement yakuza. Ils peuvent également être liés à ces organisations criminelles ou constituer leur propre groupe indépendant, mais pas plus propre.

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Crédit : Sega

Des polémiques qui plombent l’excellent travail de ces acteurs et qui laissent Sega en plein chaos dans son propre pays. Finalement, ces trois individus ont aussi bien illuminé la série qu’ils l’ont fait sombrer.

Des jours meilleurs… ou pas

L’arrivée de la série spin-off Judgment, qui devait être pour Sega l’occasion de tout casser dans le reste du monde, souffre elle aussi de cette malédiction. Mais, cette fois, le géant nippon peut au moins se dire qu’aucune drogue ou autre organisation criminelle n’est dans l’équation. Un soulagement subtil, qui n’efface tout de même pas les complications qui remettent en cause son futur : Lost Judgment, la suite des aventures de Takayuki Yagami, pourrait être le dernier jeu de la série malgré son expansion mondiale. Tout cela à cause d’une mésentente entre Sega et Johnny’s & Associates, l’agence de Takuya Kimura qui prête ses traits au protagoniste de la série. Le cabinet refuse catégoriquement que Judgment et sa suite soient portés sur PC, alors même que tous les jeux Yakuza ont fini par y atterrir.

Les deux entités se retrouvent aujourd’hui enfermées dans des négociations sans fin, qui pourraient aboutir à la mort de la série après le prochain épisode. Ce qui ne ravit franchement pas l’acteur, qui, apparemment, prend son pied sur ce projet. On attend encore que Johnny’s & Associates communique autour de ce refus catégorique, la seule explication mentionnée par les médias mondiaux étant leur peur de voir les deux jeux arriver sur un système aussi ouvert que peut l’être le PC. À leurs yeux, on imagine qu'il ne faudrait surtout pas que les performances de Takuya Kimura soient altérées ou déformées. On attend maintenant qu’un arrangement soit trouvé entre les deux parties.

Les qualités des séries que sont Yakuza et Judgment sont indéniables. Chaque personne ou presque qui s’y est essayé en est tombée amoureuse. Que cela soit pour ses qualités scénaristiques, graphiques voire même cinématographiques : cette série a beaucoup trop à offrir au jeu vidéo pour rester éternellement engoncée dans une sphère de polémiques. Yakuza et Judgment vaincront la malédiction, et ça passe déjà par Lost Judgment qui arrive le 24 septembre.

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