Ce jour où la musique de jeu vidéo a organisé son concert symphonique
Dossier
PUBLIÉ LE 5 août 2021

Ce jour où la musique de
jeu vidéo a organisé
son concert symphonique

Crédit : Square Enix
Maxime L-G.
Maxime L-G.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 5 août 2021

La musique de jeu vidéo a rarement été prise au sérieux. Mais face à un orchestre symphonique complet, difficile de nier sa qualité.

Le jeu vidéo a toujours mis en avant de nombreuses disciplines artistiques dans un tout cohérent. Ce qui saute immédiatement aux yeux sont les graphismes bien sûr, pour lesquels de nombreuses équipes à travers le monde ont reçu des prix d’excellence. Cette première discipline étant presque partagée avec le monde cinématographique, particulièrement sur les films d’animation, elle n’a jamais été difficile à comprendre pour le grand public. Et puis, il y a le game design. Un trait propre aux jeux vidéo, puisque c’est la discipline qui régit la sensation manette en main. Pour cela, il aura fallu que le jeu vidéo soit adopté par le grand public pour que son excellence soit enfin reconnu. Il existe cependant une autre catégorie qui aurait dû être reconnue bien plus rapidement, mais qui a subi la mauvaise presse du jeu vidéo pendant trop longtemps : la musique.

A l’ère de l’air endiablé

On dit souvent que l’art ne serait rien sans des limitations. De nombreux artistes ont besoin de contraintes pour pouvoir produire leurs meilleures créations, comme une date de sortie gravée dans le marbre ou même des producteurs qui ne comprennent pas leur vision. Il y a dans ça un défi qui attise la flamme de la passion. Dans le cadre de la musique de jeu vidéo, le premier défi était en vérité technique : impossible de coller une véritable piste numérique dans une cartouche limitée en mémoire et face à une console limitée en puissance. C’est de cette limitation technique qu’est née la musique 8 bit et 16 bit, composée généralement en MIDI, et qui de nos jours est toujours aussi reconnaissable qu’alors.

Mais comment faire comprendre au grand public qu’il s’agit bien de musique légitime, à l’émotion bien réelle ? Thomas Böcker, compositeur allemand, s’est donné cette mission au début des années 2000. Pour faire comprendre au monde entier que la musique de jeu vidéo n’était pas que de simple bip et boup destinés à accompagner un prétexte à guerroyer, il s’est mis en tête d’enfin réussir à importer chez nous un concept typiquement japonais : les concerts symphoniques de jeu vidéo. Car oui, au Japon, on célèbre depuis très longtemps le jeu vidéo. En Occident, en 2003, on hésite surtout à mettre une grosse étiquette “violence” sur toutes les productions en distribution.

Crédit : Square Enix

Pour mettre son plan en œuvre, Thomas Böcker s’est allié à la Leipzig Games Convention. L’idée ? S’occuper de la cérémonie d’ouverture avec un gigantesque orchestre symphonique. Et pour faciliter la première production, l’homme s’est tourné vers les musiques de jeux vidéo qui avaient déjà connu des interprétations orchestrales, de manière à pouvoir rapidement choisir et apprendre les pistes. Résultat ? Un succès colossal qui a amené la production à être répété sur plusieurs années, sous le nom “GC in concert”.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Grâce à cela, le monde entier a compris l’intérêt des concerts symphoniques de jeu vidéo. Le pionnier Thomas Böcker a ouvert les portes à ce qui est devenu aujourd’hui une coutume dans le monde du jeu vidéo. De nombreux ensembles, comme Video Games Lives, n’existeraient pas sans lui. Les productions Distant Worlds : Music from Final Fantasy sont directement organisées par l’homme et son équipe. Et les concerts symphoniques se sont multipliés et ont atteint le monde entier, à l’image des Symphony of the Goddesses de The Legend of Zelda qui sont partis en tournée mondiale pendant plusieurs années. Désormais, personne ne peut ignorer la beauté des productions musicales créées par le monde du jeu vidéo.