Faut-il vraiment une suite au Joker ?
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PUBLIÉ LE 27 nov. 2019

Faut-il vraiment
une suite
à Joker ?

Crédit : DC Entertainment
PUBLIÉ LE 27 nov. 2019
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L’effervescence autour du film pose la question d’une possible suite, désormais envisagée par son réalisateur Todd Phillips. On a pesé le pour et le contre.


Les pour :


Joaquin Phoenix dans le rôle du Joker
Crédit : DC Entertainment

Voir l’évolution du personnage


Joker est par définition une origin story, pas plus. Lui offrir une suite permettrait de voir la progression du personnage, qui commencerait par exemple à écrire la légende que deviendra le Joker avec le temps. Pour l’instant, on a à peine vu le dixième de ses capacités, et l’histoire s’achève là où le mythe du personnage commence. Un nouvel opus pourrait s’autoriser à nous en montrer bien, bien plus.


Appliquer ce traitement à d’autres personnages de l’univers de Batman ?


Une partie de la mythologie de Batman et de la faune de Gotham est déjà présente dans Joker. Mais c’est très succinct, et cela concerne une partie de l’intrigue parmi bien d’autres. Dans cette optique, un second volet représente l’occasion parfaite d’étendre un peu le spectre jusqu’à, soyons fous, d’autres personnages cultes bien connus des comics, sans en faire trop niveau fan-service bien sûr. S’ils ont pu tirer cette version à partir du Joker, ils peuvent a priori s’amuser avec pas mal d’autres profils de gentils ou de méchants tant qu’ils sont « réalistes » (pas de pouvoirs surnaturels).


Le Joker face au miroir
Crédit : DC Entertainment

Revoir Phoenix dans le rôle


L’un des atouts majeurs de Joker, c’est son interprète Joaquin Phoenix, dont la prestation a été saluée à la fois par le public et une bonne partie de la presse. Au point que d’aucun sont un peu restés sur leur faim. Une sequel serait l’occasion de le voir retrouver ce rôle pas comme les autres et de prolonger le plaisir.


Ça pourrait donner des idées à d’autres...


On se plaint souvent que les films de superhéros se ressemblent tous, et c’est aussi ça qui a participé au succès du long-métrage : l’impression de voir quelque chose d’un peu différent. Si, par-dessus le marché, Joker transforme l’essai et devient une sorte de mini-saga à succès, ça pourrait inciter d’autres studios à tenter le coup ou en tout cas à explorer d’autres directions. Ça ne peut pas faire de mal.


Les contre :


Le Joker dans le trailer
Crédit : DC Entertainment

Juste pour l’argent ?


On ne va pas se le cacher, cette idée de suite commence à être évoquée pour une seule raison : l’argent. Ni le réalisateur ni l’acteur principal n’y pensaient, c’était même l’inverse : les deux affirmaient qu’il s’agissait d’un film fonctionnant de manière indépendante. Après le milliard de recettes et le titre de « l’adaptation de comics la plus rentable de tous les temps », forcément, tout est remis en question… mais pas forcément pour des raisons créatives.


Transformer Joker en franchise, une fausse bonne idée


Bosser sur un film qui fait partie d’une franchise n’a pas que des avantages. Ici, le piège évident serait de vouloir reproduire consciemment ou non les caractéristiques du premier opus, quitte à en faire trop. Si certains réalisateurs refusent catégoriquement de gérer des sagas ou même carrément de faire des suites, ce n’est pas à cause d’une allergie : le processus de production est infiniment plus contraignant et on a parfois (souvent) moins de libertés, puisque le résultat final doit se conformer à quelque chose de préexistant.


Joker est un film extrêmement rentable
Crédit : DC Entertainment

Le personnage n’a pas été écrit pour ça


Si ça marche pour d’autres modèles et surtout d’autres personnages tirés des comics, c’est parce que la forme est souvent très simple : un superhéros est confronté à de nouvelles aventures, encore et encore. Appliqué à Arthur, c’est déjà bouclé : certes il a un côté « seul contre tous » qui peut paraître sans fin, mais il a concrètement déjà accompli son arc narratif et le voir agir à nouveau de la même façon ou pire, en tant que « super-criminel » classique, casserait pas mal l’aura qu’il acquiert tout au long du film.


Le film se suffit à lui-même


Joker a été conçu comme un one shot, pas comme le début d’une hypothétique franchise. Enchaîner avec une suite change la donne, et pas dans le bon sens : sans spoiler, l’intrigue du long-métrage laisse volontairement des zones d’ombre, ce qui a d’ailleurs engendré pas mal de théories chez les fans. La réalisation d’une suite forcerait à clarifier de manière rationnelle pratiquement toutes ces interrogations laissées jusqu’ici dans le non-dit, et ce serait dommage.