Enfer et Paradis : comment le jeu voit la vie après la mort ?
Dossier
PUBLIÉ LE 22 févr. 2023

Enfer et Paradis :
comment le jeu voit
la vie après la mort ?

Crédit : Ninja Theory
Nico Prat
Nico Prat
Expert Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 22 févr. 2023

Quel que soit le jeu, ou presque, et ce depuis le début, c’est un fait, dans un jeu vidéo, les deux choses que nous faisons le plus sont les suivantes : tuer et mourir. Mais une fois passé de vie à trépas, que se passe-t-il ? Dans la vraie vie, on l’ignore. Mais nos consoles ont leur petite idée.

Nous ne rentrerons pas dans une liste aussi fastidieuse que nécessairement incomplète des jeux vidéo représentant l’enfer. Il y a Doom, cela va de soi, ce classique parmi les classiques. On peut penser également, plus récemment, à Hellblade: Senua’s Sacrifice, qui se déroule en grande partie dans un enfer Viking. Devil May Cry et Saints Row intègrent l'enfer dans leur intrigue. L'histoire de Cuphead consiste à conclure un accord avec le diable. Vous pouvez même faire de la planche à roulettes (oui, je suis ringard) dans la bouche de Satan dans Tony Hawk's Underground 2. Donc oui, les exemples sont légion.

L’enfer, dans le jeu vidéo, peut donc être fun, sombre, cruelle, ou tout simplement, un petit peu chaud. Mais l’enfer est partout, tout le temps. Pourquoi ? Un début de réponse est apporté par le journaliste de Wired Joshua Rivera. Il écrit ces lignes : “en grandissant évangélique, j'ai été élevé dans la peur du feu de l'enfer et du soufre, j'ai donc évité de tels enfers et j'en ai été activement banni. Il me faudrait de nombreuses années avant d'aller dans les enfers les plus populaires des jeux, comme les couloirs de Doom ou de Diablo, surpris d'apprendre qu'ils n'étaient pas terriblement intéressés par le mal dans un sens qualitatif, simplement quantitatif. L'enfer, ce sont les autres, commodément sans âme, qu'il faut exterminer”. En somme, l’enfer n’étant par essence peuplé que de créatures qui ont bien mérité leur place, on peut s’en donner à cœur joie, et les développeurs aussi. Le mal dans ces jeux n'est pas compliqué, c'est un obstacle, rien de plus. Vous disposez d'une gamme infinie d'outils pour exterminer ce monde.

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Crédit : NoLight Games

L’enfer, pourtant, peut dire autant du jeu que du joueur. Ainsi, parfois, le but n’est pas de zigouiller qui que ce soit, mais bel et bien de discuter, de négocier. Ainsi, dans la série des Shin Megami Tensei (qui ne se déroule pas à proprement parler en enfer, mais dans un Tokyo envahi de démons), certaines créatures surnaturelles peuvent être recrutées et lutter aux côtés des héros. Nous sommes ici face à un dilemme moral : lutter ou participer ? Côtoyer ou affronter ? L’enfer, c’est aussi celui qui nous habite, et les choix que nous sommes prêts à faire. L’enfer, ce n’est pas toujours les autres, c’est parfois nous.

Mais qui dit enfer, dit nécessairement paradis. Croire à l’un, c’est croire à l’autre, mais jouer dans l’un est plus facile que jouer dans l’autre. On ne veut pas mentir : trouver des exemples de paradis dans le jeu vidéo est bien moins simple. On pense même en premier lieu à Super Mario Bros 3 et à Coin Heaven, un niveau caché dans lequel on flotte légèrement, les ennemis ont disparu, et on peut simplement récupérer des pièces en toute quiétude, au milieu des nuages.

Oui, il y a moins de paradis dans les jeux, car de toute évidence, l’image que l’on s’en fait est une image assez fade, un idéal de vie mais un cauchemar de joueur, dans lequel il ne se passe rien ou pas grand-chose. Pourtant, il serait tout à fait faux de penser cela. Et permettez-nous de vous citer deux jeux qui le prouvent. D’une part, Afterlife. Le joueur y joue le rôle d'un dieu. Mieux : de Dieu ! Le joueur obtient deux conseillers, un démon nommé Jasper et un ange nommé Aria. Ils donnent des conseils sur la façon de résoudre les problèmes au fur et à mesure qu'ils surviennent. Le paradis côtoie donc l’enfer. Mais notre vrai coup de cœur paradisiaque se nomme Pom Gets WiFi. Pom, c’est un toutou, un mignon Poméranie. Et certes, le chien meurt, mais il va au paradis des chiens, et là-bas, cherche tout simplement le code WiFi. Oui, une merveille.