Cessez de rêver : la vie à la ferme n'est pas aussi belle qu'en jeu vidéo
Dossier
PUBLIÉ LE 5 mars 2021

Cessez de rêver :
la vie à la ferme n'est pas aussi
belle qu'en jeu vidéo

Crédit : Rising Sta Games
Selim K.
Selim K.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 5 mars 2021

Les simulations qui vous placent dans la peau d’un fermier réunissent des centaines de milliers de joueurs. Pourtant, très peu d'entre eux échangeraient leur vie pour celle d’un agriculteur. À y regarder de plus près, on comprend vite pourquoi.

La météo

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Crédit : Rising Star Games

Imaginez-vous deux secondes durant une journée d’été diabolique. Vous savez, celles où le thermomètre peut grimper jusqu'à 42°C, avec votre corps qui fond plus vite que la glace d’un pôle. Ou, au contraire, un dimanche matin de janvier où le froid est tellement démoniaque que vous craignez une amputation de vos doigts de pied. Dans ces deux cas, nos courageux agriculteurs sont soit en train de cuire comme un pot-au-feu le cul posé dans leur moissonneuse-batteuse, soit en train de muter en stalagmites au volant d’un tracteur. Ce qui, vous l’aurez deviné, n’est ABSOLUMENT pas le cas d’un joueur de Farming Simulator à l’arrière-train confortablement vissé au fond de son fauteuil. Canicule ou froid polaire, ce dernier n’en a que faire, et ramasse son blé (dans tous les sens du terme) en seulement quelques clics et coups de stick. La belle vie.

Les rides en véhicules

Pour en revenir aux différents engins qui rythment la vie d’un fermier, là aussi ces deux catégories de personnes ne vivent pas le même plaisir. Au volant d’un tracteur de 11 tonnes, on s’imagine facilement comme un pauvre escargot. Remplacez la bave par les rejets toxiques du quatre roues, les 30cm qui le sépare de la laitue de ses rêves par les quelques hectares d’une ferme, et l’agriculteur se retrouve très vite à l’état de gastéropode à coquille de métal. En vrai, aucune avance rapide n’est malheureusement possible. Tout comme le choix des radios. Déjà, il faut que la boîte métallique en question en dispose, puis qu’elle ait accès à un signal assez fort pour pouvoir profiter de France Bleu Limousin comme il se doit. Sur un PC ou une console, le gamer n’a qu’à se balancer sa playlist Spotify préférée, tout en circulant en i sur son tracteur débridé. Racaille des champs.

Les contraintes de terrain

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Crédit : Rising Star Games

Le gros point fort d’un jeu comme Harvest Moon : One World, c’est qu’il est hyper satisfaisant dans la structure que l’on peut donner à sa ferme. Le joueur peut y gérer son terrain au moindre centimètres près. Des plantations aussi droites et symétriques que l’avenue des Champs-Elysées, des enclos dont les rangs feraient pâlir n’importe quelle armée : en plus de ne pas bouger un orteil, le joueur a la chance de pouvoir se prendre la tête sur le versant esthétique de la chose. Parce que, oui, lui n’a pas à faire avec les aléas de la nature. Les dénivelés, le positionnement des terres fertiles, l’exposition au soleil : autant de paramètres qui n’en sont pas dans le jeu vidéo. Finalement, les joueurs baignent dans un luxe qui les fait passer pour des Gaudí des temps modernes. Mais à votre avis, est-ce que le fermier lambda en a quelque chose à foutre que son terrain ressemble au Jardin des Tuileries vu d’un drone ? Et encore à votre avis, est-ce qu’il en même quelque chose à faire de ces foutus drones ? Ce n’est pas avec ça qu’il vous permet de foutre du lactose dans vos Chocapic.

Le meilleur des animaux

Entretenir une ferme, c’est aussi prendre soin des espèces qui y vivent. Concernant l’aspect vidéoludique, il est question de leur trouver une place, pimper leur lieu de vie et se montrer un minimum patient pour en récolter la production. Mais est-ce que le joueur d’Harvest Moon, ou de toute autre simulation, sait ce que c’est que de se faire niaquer par un dindon ? Absolument pas. Nettoyer l’enclos d’un porc qui porte bien son nom ? Encore moins. Ramasser une bouse de vache à la pelle ? Très peu pour lui. C’est pourtant ce à quoi font face nos courageux agriculteurs, dans tout ce que cela comprend en termes de fatigue et d’odeur. En fait, le gamer fermier ne fait que profiter d’une version enjolivée de la chose. Mais, au fond, comment lui en vouloir sachant qu’on est les premiers à prendre soin de nos champs fictifs ? Et sans enfiler les moindres bottes en caoutchouc. On ne troquerait pour rien au monde nos chaussons rembourrés. Il manquerait plus que ça.

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