Quand Ryo Hazuki partait à la recherche du patron de Sega
Dossier
PUBLIÉ LE 13 nov. 2019

Quand Ryo Hazuki
partait à la recherche
du patron de Sega

Crédit : Sega
Selim K.
Selim K.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 13 nov. 2019

Dans les nineties, les éditeurs n’hésitaient pas à créer du contenu original dans les démos pour attirer les joueurs. Une stratégie adoptée par Sega qui, dans la démo du premier volet de Shenmue, proposait de partir à la recherche du patron de la société. Étrange, mais efficace.


Lorsqu’il s’agit de promouvoir son œuvre et d’attiser la curiosité d’un grand nombre de consommateurs, les éditeurs usent de techniques plus ou moins extravagantes. On le voit aujourd’hui avec, par exemple, Hideo Kojima et sa communication énigmatique autour de Death Stranding. Mais à la fin des nineties, la technique la plus simple était de dévoiler une courte démo, que les anciens pouvaient choper chez leur buraliste en achetant un magazine. En 1999, les créateurs de Shenmue adoptent cette stratégie et proposent une version démo accompagnant un numéro du Famitsu (magazine japonais, ndlr). Le monde découvre alors What’s Shenmue.


What's Shenmue


Quand la plupart des créateurs proposent des démos s’articulant autour de maigres segments de jeu et présents dans la version finale, les créateurs de Shenmue prennent tout le monde à contrepied en produisant un scénario exclusif. On y découvre Ryo Hazuki - le protagoniste bien connu de la série – ainsi que Tom Johnson, votre vendeur de hot dog préféré. What’s Shenmue permet au joueur de vadrouiller dans la ville, comme ce sera le cas dans le jeu final. La seule différence ? Beaucoup de routes sont barrées, et l’intrigue prend place dans une portion réduite de la cité. En se lançant dans cette courte aventure, on apprend que son but est de retrouver le responsable marketing de Sega : Hidezaku Yukawa. Le bougre est planqué dans un coin de la ville, et pour mettre la main dessus il faut s’adonner à un petit jeu de piste.


shenmue-duel
Crédit : Sega

Le joueur doit d’abord récupérer sa carte de visite dans une salle d’arcade. Un élément récurrent dans les jeux propulsés par Sega, notamment dans la série Yakuza. Au passage, on peut se laisser aller à une partie de fléchettes (les bornes d’arcades n’étant pas disponibles dans la démo), avant de se diriger à l’autre bout de la ville pour trouver le « Funky Bear Burger », un restaurant. À droite de ce temple de la malbouffe se trouve un immeuble blanc dont les horaires d’ouvertures sont indiqués : entre 16h et 21h. il faut donc se présenter dans cette tranche horaire pour pouvoir y entrer, et ainsi trouver Yukawa. La dernière épreuve pour le choper étant une petite suite de QTE assez simple, avant d’arriver à l’écran de fin.


Un concept innovant


La forme de cette démo est extrêmement intéressante sur plusieurs points. D’abord, les joueurs peuvent se familiariser avec les personnages haut en couleur de la série. Par ailleurs, elle permet de découvrir un monde ouvert relativement vaste pour l’époque et très permissif, en atteste la salle d’arcade ou les restaurants. En 1999, Sega présente donc un jeu novateur et plein de promesses, en réussissant à ne rien dévoiler de son scénario à l’aide d’une histoire burlesque à souhait. Pour l’éditeur, c’est une réussite : les joueurs sont emballés par les prouesses techniques, la liberté de mouvement, et ont une histoire sympa à raconter aux collègues à la machine à café. 1,2 millions de copies de Shenmue sont écoulés, ce qui en fait un des best-sellers de la Dreamcast, en plus de prendre une place énorme dans l’histoire du jeu vidéo. Pari gagnant.