Oddworld : le vrai message d'Abe et de son odyssée
Dossier
PUBLIÉ LE 5 juil. 2021

Oddworld : le vrai message
d'Abe et de son odyssée

Crédit : Oddworld
Maxime L-G.
Maxime L-G.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 5 juil. 2021

Oddworld est une licence qui est synonyme des premiers pas de la PlayStation, pour beaucoup leur première console d’ailleurs. Mais avons-nous vraiment compris ce que cherchait à nous dire Abe ?

Vous vous souvenez du temps où la presse généraliste pointait toujours du doigt le jeu vidéo comme ultra violent et nocif pour les enfants ? Fort heureusement, celui-ci est révolu. Mais même à cette époque, si les médias grand public s’étaient quelque peu penchés sur la question, ils auraient immédiatement vu que cette analyse ne tenait pas debout. Lorsque la PlayStation a déferlé sur le monde, deuxième mouvement d’une grande vague qui a rendu les jeux vidéo aussi commun que le cinéma de nos jours, ils auraient pu juste prendre la manette. Et jouer au même jeu que nous : Oddworld L’Odyssée d’Abe, pour beaucoup leur première expérience sur la plateforme de Sony. Dans nos yeux d’enfant, celui-ci était juste un petit jeu de réflexion avec des personnages amusants et un univers un peu grotesque. Mais en vérité, il regorgeait de messages importants qui pouvaient plaire à n’importe quel adulte passant par là.

Abe a la langue pendue

Notez d’abord que pour Lorne Lanning, grand manitou de cet univers, toutes ses créations se doivent d’avoir des messages plus ou moins cachés. Selon lui, le sous-texte et les allégories permettent à une œuvre de rester dans la tête d’un spectateur et de lui permettre de vraiment plonger profondément dans un univers fantastique. Avec l’Odyssée d’Abe, le sous-texte est assez limpide, même s’il n’apparaissait pas si clairement à mes yeux d’enfant. Un monde ultra-industriel où le capitalisme est surpuissant, donnant lieu à un univers dominé par la consommation à outrance et une forme d'impérialisme décomplexé.

Crédit : Oddworld

Le personnage lui-même, Abe, a été créé dans l’idée de nous offrir l’avatar qui souffre le plus de cette situation où tous les extrêmes sont en place. Et pour lui, c’était assez simple : il fallait nous faire incarner un esclave du tiers-monde qui n’a même pas conscience lui-même d’être un esclave. Malgré ce contexte, Oddworld n’a jamais été manichéen. Après tout, vous pouvez finir le jeu et “l’emporter” en sacrifiant tous vos frères Mudokons que vous croisez sur votre chemin. Lorne Lanning l’a toujours rapproché de la philosophie derrière le capitalisme : “vous pouvez bien sûr “gagner” dans un système capitaliste. Vous pouvez trouver le succès et vous retrouver en couverture du Forbes. Et du même temps, vous pouvez simultanément être le plus grand enfoiré sur cette planète.” D’où l’introduction de choix moraux au cours de la partie : le jeu vous juge dès lors que vous êtes égoïste.

Mais surtout, l’une des plus grandes douceurs de L’Odyssée d’Abe et de l’univers Oddworld, c’est que malgré toute cette noirceur… L’espoir perdure. Si son gameplay est resté assez simpliste, c’est pour que chacun puisse y prendre part. S’il se repose sur des puzzles, c’est pour vous garder intellectuellement actif tout du long. Et si Abe a tout de même des traits d’humour, c’est parce que toute son aventure se base sur un principe important : vous pouvez toujours recommencer. Après avoir pris conscience de son statut, Abe a l’espoir de se libérer et d’emmener ses frères avec lui. Lorsqu’il perd, vous pouvez toujours recommencer et tenter encore et encore de vous échapper de ce système. Abe n’abandonne pas, et si vous restez à ses côtés, il finira par changer le monde. De belles leçons que l’on peut emporter partout avec nous, n’est-ce pas ?

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