King's Bounty II veut faire revivre un genre tristement disparu
Dossier
PUBLIÉ LE 24 août 2021

King's Bounty II veut faire
revivre un genre
tristement disparu

Crédit : 1C Publishing EU
Maxime L-G.
Maxime L-G.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 24 août 2021

Qui aurait cru que la série King’s Bounty reviendrait pour un deuxième épisode ? Ce dernier a une lourde tâche : faire revivre un genre aujourd’hui disparu.

Pour ceux qui ont grandi avec la NES et la Super Nintendo, le mot “RPG” est souvent relié aux développeurs japonais. Il faut dire que c’est sur ces générations qu’ont été créés les grands noms tels que Dragon Quest, Final Fantasy ou encore Shin Megami Tensei. Pourtant, avant la prolifération des consoles de jeux vidéo accessibles au commun des mortels, les ordinateurs étaient les grands rois du jeu vidéo à domicile. Et sur ces derniers, le genre RPG a connu de grandes heures, propulsé par des développeurs occidentaux inspirés par la littérature de l’époque comme Conan le Barbare ou Le Seigneur des Anneaux. C’est dans cette mouvance que King’s Bounty est né.

Le RPG d’époque

1990 marque l’avènement de King’s Bounty sur MS-DOS (l’ancêtre de Windows), Commodore 64 et Amiga. Aujourd’hui, ce dernier ne marquerait les esprits de personne, mais dans le contexte de l’époque, il est un des jeux les plus profonds auxquels il est possible de jouer. Entre faire évoluer son empire, monter son héros et gérer ses stratégies en combat, il offre une complexité que rares sont les titres de leur époque à offrir. Il préfigure même ce qu’on appelle le genre “4X”, de ce genre qui mélange RPG et RTS pour des batailles colossales d’une extraordinaire longueur. Non ? Vous ne voyez pas ? Et si on vous dit Civilization ?

Cependant, il est facile de pardonner de ne pas connaître cette série : les jeux vidéo n’étaient pas à l’époque ce qu’ils sont aujourd’hui. Le créateur de King’s Bounty, Jon Van Caneghem, a plutôt trouvé le succès populaire lorsqu’il s’est ensuite attaqué à Heroes of Might and Magic, un spin-off inspiré du gameplay de King’s Bounty pour la licence Might and Magic plus traditionnelle. C’est grâce à cette expansion que la série a su créer et garder ses lettres de noblesse.

Ce qui la sort du lot ? Sa complexité. Outre les combats au tour par tour qui ont évolué au fil du temps pour adopter une forme hexagonale prônant plus de stratégie dans les déplacements, le jeu invitait également à bien gérer sa forteresse et observer ses rivaux pour développer les meilleurs contres possibles. Une partie de Heroes of Might and Magic ne se faisait jamais en quelques minutes, mais la complexité du titre a été loin de rebuter les joueurs : au contraire, elle est devenue la partie la plus obsédante de l’expérience.

Crédit : 1C Publishing EU

Un marché différent

Mais nous voilà désormais à l’ère moderne du jeu vidéo, et l’expérience ne prend plus vraiment. Malgré la sortie de Heroes of Might and Magic V en 2006 et une sorte de spin off moderne inspiré de ses origines avec King’s Bounty : The Legend en 2008, la sauce ne prend plus vraiment. Les éditeurs sont tout simplement de plus en plus frileux d’investir sur des expériences aussi complexes alors que le marché du jeu vidéo ne cesse de s’étendre et que les coûts de développement explosent. Faire vivre une niche de la sorte n’apparaît plus comme viable.

C’est d’autant plus vrai que le genre auquel appartient la licence, un mix tour par tour et stratégie, prend de l’ampleur sur une toute nouvelle plateforme : le mobile. A la sortie de l’iPhone en 2007, rares étaient ceux qui l'imaginaient comme une console de jeux vidéo. Mais arrivé à l’iPhone 4 en 2010, même Apple vantait les mérites de son produit pour les divertissements en 3D. Par son interface tactile, le tower defense et la stratégie tour par tour ont été les genres les plus plébiscités sur la plateforme, mais le profil du joueur n’était plus le même. Difficile de demander à des personnes souhaitant surtout passer le temps dans une salle d’attente de se concentrer sur des parties pouvant durer des heures. C’est d’autant plus visible en observant qu’après le rachat de la série en 2003, Ubisoft a progressivement transformé l’univers Might and Magic entier en une expérience mobile, dont le dernier titre en date est “Era of Chaos”.

Les RPG à l’occidental se sont petit à petit éloignés de ces formules pour se rapprocher de l’action et du grand spectacle, comme on peut l’observer en regardant l’évolution de la série The Witcher. De nos jours, les jeux de stratégie les plus connus et joués sont tout simplement les MOBA, qui sont d’une grande accessibilité puisque free to play. Les RTS, plus grand genre de la plateforme PC pendant des années, sont aujourd’hui des jeux de niche qui ont du mal à toucher le grand public.

Crédit : 1C Publishing EU

Une renaissance

Comment revenir sur le devant de la scène ? En ne cherchant absolument pas à y arriver. Grâce au mouvement indépendant et aux nouvelles méthodes de distributions numériques, en prime des acteurs de distribution ouverts aux productions à petits tirages, des genres que l’on croyait disparus reviennent tous les uns après les autres. 1C Entertainment, en charge de King’s Bounty II, va donc tenter sa chance pour faire revivre ce genre oublié à la frontière de multiples mondes. Et si King’s Bounty II pouvait rallumer la flamme des jeux 4X et la faire connaître à une nouvelle génération qui l’ignore ? A grand minima, il permettra à ceux qui ont passé ces dernières années en manque de retrouver une expérience qui, au bout, nous a tous manqué.

King’s Bounty II sur Micromania