Ghost of Tsushima à travers quelques grands films d'Akira Kurosawa
Dossier
PUBLIÉ LE 30 juin 2020

Ghost of Tsushima
à travers quelques grands films
d'Akira Kurosawa

Crédit : Sucker Punch Productions
Selim K.
Selim K.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 30 juin 2020

Si Ghost of Tsushima est le fruit d’un grand nombre d’influences, celle d’Akira Kurosawa, cinéaste japonais de génie, est indéniable. C’est bien simple : l’univers du titre de Sucker Punch est parsemé de fragments de ses meilleures œuvres.

Les Sept Samouraïs

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Crédit : Toho

Sorti en 1954, Les Sept Samouraïs est le film d’Akira Kurosawa qui lui a permis de franchir les frontières japonaises et se faire connaître du monde entier. Côté scénario, on y retrouve un village dont les paysans souhaitent se protéger des attaques de brigands. Pour cela, ils ont l’idée d’engager des samouraïs pour les défendre. Après plusieurs refus, un vieux samouraï finit enfin par accepter de les aider : Kanbei. Mais voilà, il s’avère que Kanbei est un rōnin, un samouraï sans-maître, déchu et touché par la perte de son honneur. À cette époque, en 1586, les rōnins sont très mal vus, et pourtant, c’est bien Kanbei qui met une équipe en place pour défendre les paysans. Le rapport avec Ghost of Tsushima ? Le traitement de la dualité entre rōnin et samouraï. Jin Sakaï, le protagoniste de GoT, est sans cesse en équilibre sur la fine ligne qui sépare les deux statuts. Bien souvent il lui est nécessaire d’incarner le mal pour faire le bien. Une opposition exprimée à merveille par Les Sept Samouraïs.

Yojimbo/Le Garde du Corps

Kurosawa, c’est surtout un sens de l’image qui relève du génie. Des plans et des combats constitués d’images très fortes, et une utilisation du noir et blanc rarement égalée. On pense notamment à Yojimbo, une de ses œuvres sortie en 1961, visuellement excellente. On ne peut s’empêcher d’y penser lorsque l’on sait que Ghost of Tsushima embarque un mode Noir et Blanc, pour vivre les aventures de Jin Sakaï sous un grain “Akira Kurosawa”. D’ailleurs, les équipes derrières GoT ne cachent même pas leur inspiration pour le grand maître qu’il est, et après avoir vu Yojimbo, il est impossible de ne pas y associer cette idée de mode noir et blanc. De quoi avoir l’honneur de se sentir acteur d’un film du défunt crack nippon.

Chien enragé

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Crédit : Shintoho

Une autre composante qui ressort des films de Kurosawa est son traitement de la nature. Il disait lui-même aimer “les étés chauds, les hivers froids, les fortes pluies, les fortes neiges, et je pense que la plupart de mes films le montre. J'aime les extrêmes, car je les trouve plus vivants”. Une sensibilité omniprésente dans beaucoup de ses oeuvres, mais si on ne devait en citer qu’une, cela serait Chien enragé sorti en 1949. Ici, un enquêteur de classe élevée doit se glisser dans la peau de quelqu’un “d’en bas”, sous une canicule qui exprime toute l'oppression du monde sur les laissés-pour-compte. Et justement, Ghost of Tsushima épouse cette idée du maître et la pousse encore plus loin. Si vous ne le saviez pas, aucune carte ou autre boussole ne sont présentes dans GoT. Votre seul repère est la nature. Que cela soit par la direction du vent, en suivant un animal, de la fumée ou un autre d’une forme originale : la nature est votre seule guide dans la quête qui est la vôtre.

Ran

Bien évidemment, lorsque l’on s’attaque à la thématique des samouraïs à maintes reprises, la violence et la guerre ne sont jamais loin. Elles peuvent même s’avérer omniprésentes, comme dans Ran sorti en 1985, qui doit être l’œuvre la plus digeste pour les allergiques au noir et blanc, puisqu’en couleur. Et justement, dans l’intégralité de la palette qu’offre l’oeil humain, il y en a une qui sort du lot dans Ran : le rouge. Pas celui du vin, mais bien celui du sang. Une teinte qui n’est pas étrangère à Ghost of Tsushima, qui, comme les œuvres les plus récentes de Kurosawa, présente des affrontements particulièrement sanglants. L’aspect gore n’y est pas caché (bien qu’il soit possible de jouer sans sang pour les plus jeunes), et, avec tous ces mélanges de sang et de boue on y retrouve une atmosphère très Kurosawaienne. Avec la même idée en tête : peindre la beauté par le gore.