Josef Fares, l'homme qui a dit "fuck" aux Oscars
Dossier
PUBLIÉ LE 23 mars 2021

Josef Fares, l'homme qui a
dit "fuck" aux Oscars

Crédit : Wikimedia
Maxime L-G.
Maxime L-G.
Auteur Micromania-Zing
PUBLIÉ LE 23 mars 2021

Dans le milieu des développeurs stars, il y a les américains visionnaires, les anglais bavards et les japonais polis. Mais pas que : le libano-suédois Josef Fares est aussi là pour renverser les codes.

Percer dans le milieu créatif est d’une difficulté colossale, on le sait. Mais arriver à le faire deux fois dans deux milieux différents ? C’est forcément une preuve de talent, qu’on y soit sensible ou non. Et c’est exactement ce qu’a fait Josef Fares. A 10 ans, celui qui deviendra créateur de jeu vidéo a dû fuir la guerre civile libanaise avec sa famille et s’est installé en Suède. Avec son frère Fares Fares, ils se passionnent pour le théâtre et le cinéma : Josef en tant que réalisateur/scénariste, et Fares en tant qu’acteur. Ensemble, ils créeront le film Jalla! Jalla! qui à sa sortie en 2000 a remporté de nombreux prix internationaux, notamment celui du meilleur film.

Le développeur qui joue avec nos émotions

Une carrière toute tracée dans le cinéma s’impose ? Et bien non. Après 4 autres films tout aussi respectés que le précédent, Josef Fares décide de passer au jeu vidéo en tant qu’indépendant et réalise son premier jeu en collaboration avec le développeur Starbreeze. Celui-ci n’est autre que Brothers: A Tale of Two Sons, qui a été remarqué sur bien des points. Tout d’abord, il était au centre de la nouvelle vague des créateurs indépendants, et a mis en avant un gameplay étonnant où l’on contrôle chaque frère simultanément : un stick contrôle l’un, le second stick contrôle l’autre. Plus encore, son histoire mettant en scène deux frères allant chercher un remède pour leur père malade en a ému plus d’un. C’est grâce à ce grand succès que Josef Fares a pu monter son premier studio, Hazelight.

Mais ce n’est pas exactement comme cela qu’il s’est fait connaître. Au-delà de son talent, Josef Fares est tout simplement une personnalité qu’il est impossible d’ignorer. Parce qu’il prend de la place. Qu’il a la langue bien pendue. Mais qu’il irradie aussi d’une sympathie et d’une conviction entraînantes. Le point d’orgue de tout cela ? Lors des Game Awards de 2017 aux côtés de Geoff Keighley, Josef Fares a pris le micro pour lâcher un “Fuck the Oscars” enjoué avant de se moquer de la politique de micro-transactions de Star Wars Battlefront II qui faisait rage à l’époque… et bien sûr nous présenter son nouveau jeu A Way Out avec force d’entrain et de superlatifs.

Crédit : Game Awards

Les grandes gueules dans le jeu vidéo, on connaît. D’ailleurs, suite à cette petite tirade, il a reçu des internet le sobriquet de Tommy Wiseau du jeu vidéo. Mais la comparaison n’est pas juste pour un fait très important : ses jeux sont en vérité bons. Et même s’ils manquent parfois un peu le coche, on ne peut pas nier qu’ils tentent de proposer quelque chose de nouveau sur leur gameplay tout en offrant des scénarios touchants. Parce qu’au bout, c’est ça la marque de fabrique de Josef Fares : il veut toucher les gens. Et contrairement aux game designer qui se voulaient réalisateurs de film, il embrasse intégralement l’interactivité du média pour arriver à ses fins.

Il n’y a qu’à voir son prochain jeu pour s’en convaincre. Dans It Takes Two, un jeu une nouvelle fois en coop canapé, vous devrez prendre le contrôle d’un homme et d’une femme en passe de divorcer qui par le souhait de leur enfant se retrouvent transformés en poupée et devront collaborer pour retrouver leur vie normale. Et une nouvelle fois, Josef Fares promet que son histoire sera intrinsèquement liée à son gameplay pour que It Takes Two fasse plus que couper son aventure pour une cinématique poignante ; le gameplay le sera tout autant. Et contrairement à beaucoup d’autres créateurs, on y croit. Parce que le monsieur a prouvé qu’il avait le talent pour.

Retrouvez It Takes Two sur Micromania